Réflexion sur le 3ème principe
Fils de la chrétienté, le scout est fier de sa foi : il travaille à établir le règne du Christ dans sa vie et dans le monde qui l'entoure.
Ce principe est très important car il résume à lui seul l'idéal chrétien du scoutisme européen. Il impose à lui seul tout un "mode de vie" scout et catholique. Afin de mieux le comprendre, il convient de le séparer en quatre parties.
1 : Fils de la chrétienté. C'est un fait, le scoutisme est issu d'un milieu privilégié, pour ce qui est de la foi. La quasi-totalité des scouts ont reçu une éducation chrétienne, la plupart d'entre eux sont baptisés ; bref, nous, scouts, "baignons" dans la chrétienté depuis notre plus jeune âge.
De plus, il faut se rappeler que la France est la fille aînée de l'Eglise : on trouve une église à tous les coins de rue ou presque, c'est tout de même un privilège par rapport à des pays comme le Maghreb où ce n'est pas du tout le cas.
Donc le scout est "fils de la chrétienté", au sens où il est issu d'un pays de tradition chrétienne, et souvent d'une famille ayant la foi (et lorsque ce n'est pas le cas, le scoutisme permet alors de faire mûrir sa foi, cela revient donc au même). Voilà pour ce qui est de la situation. Maintenant, il est demandé trois choses.
2 : Le scout est fier de sa foi. Là, les choses se compliquent. Mais qu'est-ce que c'est, au juste, être fier de sa foi ?
En tous les cas, ce n'est pas quelque chose d'extraordinaire. C'est juste le fait d'assumer sa foi, de ne pas se cacher pour se protéger des critiques qui courrent à propos de l'Eglise. Parce que ça, c'est sûr, elle est attaquée, l'Eglise... Et avec elle, le pape, les évêques, et les cathos en général. Et ce n'est donc pas toujours facile de pouvoir dire : je suis chrétien. Surtout avec les copains.
Mais on nous demande d'être fier de ce qu'on est, de repousser la honte et de dédaigner les attaques. Alors, sans se faire une vocation de martyr où de se promener dans la rue vêtu d'un sac et criant au mégaphone "vive Dieu !", il faut savoir laisser de côté son amour propre. N'est-ce pas une béatitude - que les huit branches de la croix scoute doivent nous rappeler, d'ailleurs - que cette phrase de l'Evangile "Heureux êtes-vous lorsque l'on vous insulte, que l'on vous persécute et que l'on dit faussement contre vous toute sorte de mal à cause de moi" (Mt, 5, 11) ?
3 : Il travaille à établir le règne du Christ dans toute sa vie... . Etablir le règne du Christ, c'est ajuster sa vie sur celle du Christ, c'est se "brancher sur sa longueur d'ondes". Et pour cela, pour mener une vie bien ordonnée, la voie principale est celle de la prière. Une prière simple, régulière, mais belle. Une prière qu'un enfant adresserait à son papa, pour le remercier et lui redire qu'il l'aime, éventuellement lui demander des faveurs. Parce que l'on est rien sans le Seigneur, il est indispensable de se confier à lui, de se placer entre ses mains. Bienheureux Charles de Foucauld disait au Père "je m’abandonne à toi, fais de moi ce qu’il te plaira".
Ensuite, il est une autre voie, tout aussi vitale : l'eucharistie. Chaque jour, on mange : c'est un besoin vital, et l'on ne se pose même pas la question, c'est naturel. Et bien, pour un chrétien, la messe doit aussi être quelque chose de naturel. Jésus, reprenant l'Ancien Testament, dit dans Mathieu, 4, 4 : "L'homme ne vit pas seulement de pain mais de toute parole sortant de la bouche de Dieu". Ainsi donc, la messe est une nourriture à consommer sans modération (il n'y a qu'à voir le peu de calories que contient une hostie !), car elle nous rassasie spirituellement, dans la liturgie de la Parole comme dans la liturgie Eucharistique, qui est la réalisation de la Passion du Christ de manière mystique : ce n'est tou de même pas rien !
Enfin, établir le règne du Christ dans sa vie, c'est aussi vivre selon ses commandements et chercher à se sanctifier dans tous nos actes, c'est cheminer avec Jésus sur la route qui conduit au Père.
4 : ... et dans le monde qui l'entoure. La dimension la plus importante de ce principe. Le monde, on le voit bien, va de plus en plus mal : la vie, la justice, la liberté, ... Tant de principes fondamentaux qui disparaissent peu à peu. Quelle ironie : le monde que Dieu lui-même a créé est en train de lui tourner toujours plus le dos !
C'est donc là la tâche la plus importante du chrétien, et donc du scout ; successeurs des apôtres, la tâche que Jésus leur a confié nous incombe, à nous chrétiens. Celle d'annoncer la Bonne Nouvelle à toutes les nations, de faire connaître le Christ. Et là, c'est de loin le plus difficile qui nous soit demandé. Pourtant, une fois de plus, ce sont de petits gestes simples qui permettent de témoigner, à l'école, au travail, peut-être même en famille, de la richesse de l'amour du Seigneur. En étant toujours gai et amical, en rendant service, en prouvant ses valeurs d'homme ou de femme, l'on peut faire basculer la vie de nombreuses personnes.
Ensuite, établir le règne du Christ dans le monde, c'est aussi mettre Dieu en avant dans ses choix politiques, c'est s'engager dans des associations d'évangélisation ou de partage, c'est soutenir l'Eglise et ceux qui, avec le pape, luttent pour établir ce règne divin.
Donc, concrètement, ce principe nous invite, scouts, à avoir une vie de prière et de piété, dans le respect des commandements de l'Eglise, et de rayonner de l'ardeur missionnaire qu'on attend des apôtres du Christ que nous sommes.
Tout un programme !